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2025-09-24

20250922 法國總統聯大演講宣布承認「巴勒斯坦國」——原「管理當局」給予的關鍵性「國家承認」

【雙魚之論】
In the context of the dissolution of the Ottoman Empire following World War I, the League of Nations' conferral of authority to Britain and France under the "sacred trust of civilization" through the mandate system, and the territorial framework established by the 1947 Palestine Partition Plan, the formal recognition of the "State of Palestine" by the United Kingdom and France, as former "administering authorities," carries profound historical and legal significance spanning a century.

就一戰後奧圖曼帝國崩解,歷經國際聯盟以「文明的神聖委託」賦予英法「委任統治」的權力,以及1947年〈巴勒斯坦分割計劃〉的領土而言,作為原「管理當局」的聯合王國與法國正式承認「巴勒斯坦國」,是具有百年的關鍵性份量。

聯合王國首相致函阿巴斯總統
加拿大宣布「承認巴勒斯坦國」成G7首例 澳洲、英國也跟進 聯合 20250921

「附條件」的國家承認 加拿大對巴勒斯坦國

共和國總統在兩國解決方案會議期間在聯合國講台上發表演說    馬克宏聯大演說20250922

大會主席女士、秘書長先生,

女士們、先生們、各位國家元首和政府首長、女士們、先生們,

我們在這裡,是因為時機已到。釋放被哈馬斯劫持的48名人質的時機已到。停止戰爭、停止加薩的轟炸、停止屠殺、停止流離失所的民眾的時機已到。時機已到,是因為緊迫感無所不在。和平的時機已到,因為我們離實現和平只有一步之遙。這就是我們今天在這裡的原因。有人會說為時已晚,有人會說為時過早。但有一件事是肯定的:我們不能再等了

1947年,大會決定將巴勒斯坦託管地劃分為兩個國家,一個猶太國家,一個阿拉伯國家,並承認了這兩個國家享有自決權國際社會由此將以色列國神聖化,最終實現了這個民族的命運。在經歷了數千年的流離失所和迫害之後,他們終於能夠在那裡建立如此美好的民主國家。然而,建立一個阿拉伯國家的承諾至今仍未兌現

自那時起,以色列人和巴勒斯坦人以各自的方式,走過了一條充滿希望與絕望的漫長道路。我們也與他們同行,每個人都秉持著各自的歷史和情感。但事實是,我們共同承擔未能在中東建立公正持久和平的責任
這正是2023107日強加給我們的證據,那一天,以色列人民遭受了歷史上最嚴重的恐怖攻擊。1224名男女老少喪生,4834名男女老少受傷,251名男女老少被綁架

哈馬斯及其共謀參與這場大屠殺的暴行震驚了以色列乃至全世界。107日的慘痛傷痛至今仍刺痛著以色列人的靈魂和普世良知。我們對此予以無條件譴責,因為無論何時何地,任何事都不能成為訴諸恐怖主義的正當理由。在這一天,我們緬懷罹難者及其家屬。我們向以色列人表示同情,並首先要求無條件釋放所有仍被扣押在加薩的人質。我們法國人民向當天遇難的51名同胞以及2023107日的所有遇難者致以全國性的哀悼。我們不會忘記他們,永遠不會。正如我們永遠不會停止與反猶太主義的生死鬥爭。

法國人民,我們深知恐怖主義的毒刺。我們珍惜201517日巴黎恐怖攻擊事件後,數十位外國領導人與他們一起示威,展現出兄弟情誼的見證,其中最重要的是以色列總理和巴勒斯坦民族權力機構主席。

我們知道,在恐怖分子面前,我們不能有任何軟弱

我們也深知無止盡戰爭的危險。我們知道,法律必須始終凌駕於武力之上。最後,我們從歷史得知,對普世與和平的執著是過去幾個世紀的傳承,也是救贖的條件。我以我們與以色列的友誼之名,再次重申這一點,我們對這份友誼的承諾從未改變。也以我們與巴勒斯坦人民的友誼之名,我們希望聯合國最初的承諾,即兩國和平安全地共存,能夠成為現實。
然而,此時此刻,以色列正在進一步擴大在加薩的軍事行動,宣稱其目標是摧毀哈馬斯。然而,數十萬流離失所、傷殘、飢餓和飽受創傷的人們的生命仍在繼續被摧毀。儘管哈馬斯的力量已被大大削弱,但談判達成持久停火仍是確保人質獲釋的最可靠途徑。

沒有任何理由,沒有任何理由能夠為繼續加薩戰爭辯解。沒有任何理由。恰恰相反,一切都要求這場戰爭現在徹底結束,甚至更早。為了拯救生命。為了拯救那些仍然被關在惡劣環境中的以色列人質的生命。為了拯救成千上萬飽受飢餓、苦難、死亡恐懼和失去親人之苦的巴勒斯坦平民的生命。為了拯救所有生命。因為近兩年來,普遍存在的是對他人人性的否定和對生命的犧牲。是的,自107日以來,被否定的確實是他人的生命

自從加薩戰爭爆發第一天起,我們就一直在說:所有生命皆等值。我深知這一點,因為我曾在特拉維夫和巴黎擁抱過人質的家人。此刻,我想起了埃亞塔·大衛的母親,他是一個被劊子手帶到人群面前、飢腸轆轆的人質。我想起了十九歲的尼姆羅德科恩,我剛剛問候過他的父親。我深知這一點,因為我也曾到過以色列軍事行動的巴勒斯坦受害者、阿里什的難民、婦女和兒童的床邊,他們的目光令我永生難忘。

我之所以知道這一點,是因為我見過一些在法國受到歡迎的加薩年輕人,我想起了麗塔·巴魯德,她今天本應和我們在一起,但她仍然在見證她在加沙的親人的苦難。

生命寶貴。互相保護是我們共同的責任,不可分割的責任,也是我們共同的人性。

打破戰爭與毀滅循環的方案是存在的那就是承認對方,承認他們的合法性、他們的人性和他們的尊嚴。雙方都應睜開雙眼,看到戰爭戴上敵人面具或目標特徵後,人性的臉孔。那就是承認以色列人和巴勒斯坦人都生活在雙重孤獨之中:以色列人在2023107日的歷史噩夢之後感到孤獨,巴勒斯坦人在這場無休止的戰爭中走投無路,感到無助。

時機已到。因為最糟糕的情況隨時可能發生,無論是犧牲更多平民,還是將加薩人口驅逐到埃及,吞併西岸,還是哈馬斯劫持的人質死亡,亦或是造成不可逆轉地改變當地局勢的既成事實。正因如此,我們今天必須在此開闢這條和平之路,因為自去年7月以來,事態發展令人擔憂。目前,人們擔心以色列的行動將使〈亞伯拉罕協議〉或〈大衛營協議〉受到質疑,中東地區和平將長期無法實現。因此,我們肩負著歷史性的責任。我們必須竭盡全力,維護兩國方案的可能性,即以色列和巴勒斯坦和平安全地共處。

時機已到。正因如此,我謹秉承我國對中東、對以色列和巴勒斯坦人民和平的歷史性承諾,宣布法國今天承認巴勒斯坦國

這種承認表明,巴勒斯坦人民並非一個多餘的民族。相反,用馬哈茂德·達爾維什的話來說,他們是永不告別任何事物的民族。他們是擁有強大歷史、根基和尊嚴的民族。

承認巴勒斯坦人民的合法權利不會損害以色列人民的權利,法國從一開始就支持以色列人民的權利,並且始終致力於維護以色列人民的權利。正因為我們堅信,承認巴勒斯坦人民的合法權利是為以色列帶來和平的唯一途徑。在以色列安全受到威脅時,包括面對伊朗的攻擊時,法國從未辜負以色列。

對巴勒斯坦國的承認對於哈馬斯以及所有煽動反猶太仇恨、助長反猶太復國主義傾向和想要摧毀以色列國的人來說是一種失敗。

除了法國的承認之外,今天還將宣布其他一些國家的承認,我為此感謝他們:安道爾、澳大利亞、比利時、加拿大、盧森堡、馬爾他、摩納哥、葡萄牙、英國和聖馬力諾的承認,他們與我們一起等待著這一刻,並在去年7月響應號召,選擇了責任、嚴謹與和平。在此之前,西班牙、愛爾蘭、挪威和斯洛維尼亞在2024年做出了選擇,而此前還有許多其他國家也做出了同樣的選擇。

這項承認為雙方都受益的談判鋪平了道路。

這條道路正是沙烏地阿拉伯和法國提交給大會表決的「全民和平與安全計畫」所走的道路,該計畫以壓倒性多數獲得通過。它體現了我們打破暴力循環、改變實地局勢的共同願望。我們已經能夠彼此靠近,打破慣常的姿態,並設定具體的目標。現在,我們必須攜手開啟一個滿足各方需求的和平進程。

這項惠及所有人的和平與安全計畫的第一階段刻不容緩,需要將釋放48名人質與結束在加薩的軍事行動結合。我歡迎卡達、埃及和美國為實現這一目標所做的努力,並呼籲以色列不要再採取任何行動阻礙他們的成功。哈馬斯的領導人和決策者已被消滅,其軍事力量已被擊敗只有政治上徹底擊敗哈馬斯,才能真正瓦解它一旦達成停火協議,我們將必須共同努力,為加薩人民提供救濟。我感謝埃及和約旦在此做出的承諾,並提醒以色列有絕對義務為人道援助進入加薩提供便利,以幫助目前一無所有的民眾。

第二階段是加薩的穩定與重建。由巴勒斯坦權力機構、巴勒斯坦青年和安全部隊組成的過渡政府將專管加薩的安全事務,我們將加速安全部隊的訓練。過渡政府將在國際夥伴的支持下,提供完成這項艱鉅任務所需的必要資源,解散並解除哈馬斯的武裝。法國願意為國際穩定特派團做出貢獻,並與其歐洲夥伴一道,為巴勒斯坦安全部隊的培訓和裝備提供支援。一旦談判允許,安理會將能夠與巴勒斯坦當局聯絡,並經以色列當局同意,決定部署一個民事和安全支援特派團

巴勒斯坦國也有責任為其人民重拾希望,他們飽受多年暴力和佔領的摧殘,也飽受分裂和忽視的折磨。因此,巴勒斯坦國有責任為其人民提供一個嶄新且安全的民主表達框架。馬哈茂德·阿巴斯總統已向穆罕默德··薩勒曼王子做出了這項承諾

他強烈譴責2023107日發生的恐怖攻擊。他重申支持解除哈馬斯武裝,並承諾將其排除在加薩及整個巴勒斯坦領土未來治理之外。他重申致力於打擊仇恨言論,並承諾徹底改革巴勒斯坦治理。

法國將致力於全面履行對其所做的每一項承諾重建巴勒斯坦權力機構是成功進行各項關鍵談判的必要條件,而這些談判必須重啟,才能就最終地位問題達成一致。也正是在這一框架下,一旦所有被關在加薩的人質獲釋並實現停火我才能決定在巴勒斯坦國設立大使館

法國對以色列的要求同樣嚴格。法國將與歐洲夥伴一道,根據以色列為結束戰爭和談判和平所採取的措施,確定其合作程度。

透過這條道路,我們將建立一個主權、獨立、非軍事化的巴勒斯坦國將所有領土統一起來承認以色列,並得到以色列的承認,最終在一個和平的地區實現這一目標。

我還期待那些尚未承認以色列國的阿拉伯和穆斯林夥伴能夠信守承諾,承認以色列國,並在巴勒斯坦國成立後與其建立正常關係。如此一來,我們將展現出對以色列國的雙重承認,以造福中東地區所有人的和平與安全。

女士們,先生們,這就是我們的和平計劃。它建立了一個擺脫戰爭、進入決定性談判階段的嚴格機制。它使巴以和平成為近東和中東地區新的和平與安全架構的第一根支柱。它也為進一步實現經濟一體化的可能性提供了可信度。

如果以色列當局不完全接受我們最終實現兩國解決方案的新目標,那麼一切都將無法實現。我了解他們的猶豫和擔憂。我懷著無比的敬意傾聽以色列人民的心聲,傾聽他們的悲傷和疲憊,並相信以色列當局也能聽到他們的心聲,並做出相應的承諾。我知道以色列人民及其領導人能夠凝聚力量,做到這一點。

我記得,大約30年前,我還年輕的時候,就聽說了伊扎克·拉賓因渴望和平而慘遭暗殺的慘劇。就在死亡即將降臨之際,這位以色列國的英勇戰士說出了這樣的話:「只要沒有和平的機會,我就會一直戰鬥。」如今,和平的機會就在眼前。142個國家正伸出雙手,準備與你握手,傳遞和平的希望。

所以,是的,現在是時候立即停止加薩的戰爭、屠殺和死亡了。形勢緊迫,必須立即停止。現在是時候讓以色列從加利利到紅海,從死海到加利利海,再到耶路撒冷,和平安全地生活下去了。現在是時候不再在任何地方討論以色列國的存在,並將其視為理所當然。

現在是為巴勒斯坦人民伸張正義,承認巴勒斯坦國,承認其為兄弟鄰國的時候了,它位於加薩、約旦河西岸,並通過耶路撒冷。現在是將恐怖主義的醜惡嘴臉從這片土地上驅逐出去,建立和平的時候了。是的,正是建設和平讓我們在這裡團結在一起。而這正是可以建立的希望。在新年伊始,我們必須做出選擇,這是我們的責任。和平比任何戰爭都更加艱難,更加艱鉅。

時機已經成熟

 

 

Discours du Président de la République à la tribune des Nations unies lors de la conférence pour la solution à deux Etats.    20250922

Madame la Présidente de l’Assemblée générale, Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames et messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement, Mesdames et Messieurs,

Nous sommes là car le temps est venu. Le temps est venu de libérer les 48 otages détenus par le Hamas. Le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite. Le temps est venu car l’urgence est partout. Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir. C’est pour cela que nous nous retrouvons aujourd’hui ici. Certains diront trop tard, d’autres diront trop tôt. Une chose est sûre nous ne pouvons plus attendre.

En 1947, cette Assemblée décidait du partage de la Palestine mandataire entre deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, et reconnaissait ainsi le droit de chacun à l’autodétermination. La communauté internationale consacrait là l’Etat d’Israël, accomplissant le destin de ce peuple, enfin, après des millénaires d’errance et de persécution, et qui put fonder là une si belle démocratie. La promesse d’un Etat arabe, elle, reste, jusqu’à ce jour, inachevée.

Depuis lors, c’est un long chemin d’espérance et de désespoir mêlés qu’Israéliens et Palestiniens ont parcouru chacun à leur manière. Et nous, nous avons cheminé avec eux, chacun d’entre nous selon son histoire et sa sensibilité. Mais la vérité est que nous portons la responsabilité collective d’avoir failli jusqu’ici à bâtir une paix juste et durable au Proche- Orient.
C’est l’évidence même qui s’est imposée à nous le 7 octobre 2023, lorsque le peuple israélien a subi la pire attaque terroriste de son histoire. 1224 hommes, femmes et enfants tués. 4834 hommes, femmes et enfants blessés. 251 hommes, femmes et enfants enlevés.

La barbarie du Hamas et de ceux qui ont collaboré à ce massacre a stupéfait Israël et le monde. Le 7 octobre est une blessure encore vive pour l’âme israélienne comme pour la conscience universelle. Nous la condamnons sans aucune nuance car rien, jamais, nulle part, ne peut justifier de recourir au terrorisme. Nous pensons en ce jour, aux victimes et à leurs familles. Nous disons notre compassion aux Israéliens et exigeons avant toute autre chose que tous les otages encore détenus à Gaza soient libérés sans aucune condition. Nous Français avons rendu un hommage national à nos 51 compatriotes assassinés ce jour-là, et à toutes les victimes du 7 octobre 2023. Nous ne les oublierons pas. Jamais. Comme jamais nous ne cesserons le combat existentiel contre l’antisémitisme.

Français, nous savons la morsure du terrorisme. Nous portons au cœur le souvenir du témoignage de fraternité offert après les attentats commis à Paris le 7 janvier 2015, par des dizaines de dirigeants étrangers manifestant avec eux, au premier rang desquels le premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne.

Nous savons qu’aucune faiblesse n’est possible face aux terroristes.

Nous savons aussi le danger des guerres sans fin. Nous savons que le droit toujours doit l’emporter sur la force. Nous savons enfin de notre Histoire que l’attachement à l’universel et à la paix est l’héritage des siècles passés comme la condition du salut. J’affirme cela au nom de notre amitié avec Israël, à qui notre engagement n’a jamais fait défaut. Au nom de notre amitié aussi avec le peuple palestinien pour qui nous voulons que la promesse initiale des Nations unies, celle de deux Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité devienne réalité.
Or à cette heure, Israël étend encore ses opérations militaires à Gaza dans l’objectif déclaré de détruire le Hamas. Mais ce sont les vies de centaines de milliers de personnes déplacées, blessées, affamées, traumatisées qui continuent d’être détruites. Alors même que le Hamas a été considérablement affaibli et que la négociation d’un cessez-le-feu durable reste le moyen le plus sûr d’obtenir la libération des otages.

Rien, rien ne justifie plus la poursuite de la guerre à Gaza. Rien. Tout commande au contraire d’y mettre un terme définitif maintenant, à défaut de l’avoir fait plus tôt. Pour sauver des vies. Les vies des otages israéliens encore détenus dans des conditions atroces. Les vies des centaines de milliers de civils palestiniens accablés par la faim, la souffrance, la peur de mourir, le deuil de leurs proches. Sauver toutes les vies. Car depuis désormais près de deux ans, c’est bien la négation de l’humanité de l’autre et le sacrifice de la vie humaine qui prévalent. Oui, depuis le 7 octobre, c’est bien la vie de l’autre qui est niée.

Nous le disons depuis le premier jour de la guerre à Gaza              : une vie vaut une vie. Je le sais pour avoir pris dans mes bras les familles des otages rencontrées à Tel Aviv puis à Paris. Je pense à cet instant à la mère d’Eyatar David, otage affamé et montré à la foule par ses bourreaux. Je pense à Nimrod Cohen, otage de dix-neuf ans, dont je viens de saluer le père. Je le sais pour être aussi allé au chevet des victimes palestiniennes des opérations militaires israéliennes, réfugiées à Al-Arish, des femmes, des enfants, dont je n’oublierai pas le regard.

Je le sais, pour avoir rencontré des jeunes de Gaza accueillis en France et je pense à Rita Baroud qui aurait dû être avec nous aujourd’hui et qui continue de témoigner de la détresse de ses proches à Gaza.

Une vie vaut une vie. Et notre devoir à tous est de protéger les uns et les autres, devoir indivisible, comme l’est notre humanité commune.

Une solution existe pour briser le cycle de la guerre et de la destruction. C’est la reconnaissance de l’autre, de sa légitimité, de son humanité et de sa dignité. Que les uns et les autres rouvrent les yeux et voient des visages humains là où la guerre a placé le masque de l’ennemi ou les traits d’une cible. C’est la reconnaissance qu’Israéliens et Palestiniens vivent dans une solitude jumelle, solitude des Israéliens après le cauchemar historique du 7 octobre 2023, solitude des Palestiniens à bout de force dans cette guerre sans fin.

Le temps est venu. Car le pire peut advenir, qu’il s’agisse du sacrifice de tant d’autres civils, de l’expulsion de la population de Gaza vers l’Egypte, de l’annexion de la Cisjordanie, de la mort des otages détenus par le Hamas, ou des faits accomplis qui changent de manière irréversible la situation sur le terrain. C’est pour cela, c’est pour cela que nous devons aujourd’hui, ici même ouvrir ce chemin de paix, car depuis juillet dernier, l’accélération des évènements est terrible. Au point où nous en sommes, il est à craindre que les accords d’Abraham ou de Camp David soient remis en cause par l’action d’Israël et que la paix devienne impossible pour longtemps au Moyen-Orient. Il pèse donc sur nous une responsabilité historique. Nous devons tout faire pour préserver la possibilité même d’une solution à deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte en paix et en sécurité.

Le temps est venu. C’est pourquoi, fidèle à l’engagement historique de mon pays au Proche- Orient, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine.

Cette reconnaissance est une manière d’affirmer que le peuple palestinien n’est pas un peuple en trop. Qu’il est au contraire ce peuple qui ne dit jamais adieu à rien, pour parler avec Mahmoud Darwich. Un peuple fort de son Histoire, de son enracinement, de sa dignité.

La reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien n’enlève rien aux droits du peuple israélien, que la France a soutenus dès le premier jour et au respect desquels elle n’est pas moins attachée. Précisément car nous sommes convaincus que cette reconnaissance est la solution qui seule permettra la paix pour Israël. Jamais la France n’a manqué à Israël quand sa sécurité était en jeu, y compris face aux frappes iraniennes.

Cette reconnaissance de l’Etat de Palestine est une défaite pour le Hamas comme pour tous ceux qui attisent la haine antisémite, nourrissent des obsessions antisionistes et veulent la destruction de l’Etat d’Israël.

Cette reconnaissance de la France est accompagnée par celles qui seront annoncées aujourd’hui entre autres et je les en remercie, celles d’Andorre, de l’Australie, de la Belgique, du Canada, du Luxembourg, de Malte, de Monaco, du Portugal, du Royaume-Uni, de Saint-Marin qui ont attendu avec nous ce moment et saisissant l’appel de juillet dernier, ont fait le choix de la responsabilité, de l’exigence et de la paix. Cela, après le choix fait par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie en 2024, et tant d’autres auparavant.

Cette reconnaissance ouvre le chemin d’une négociation utile aux Israéliens comme aux Palestiniens.
 
Ce chemin est celui du plan de paix et de sécurité pour tous que l’Arabie Saoudite et la France ont soumis au vote de cette assemblée, qui l’a adopté à une très large majorité. Il porte notre ambition commune de briser l’engrenage de la violence et de changer la donne sur le terrain. Nous avons su faire un pas les uns vers les autres, sortir de nos postures habituelles et nous donner des objectifs concrets. Il nous appartient maintenant, ensemble, de déclencher une mécanique de paix répondant aux besoins de chacun.

Le premier temps ce plan de paix et de sécurité pour tous, est celui de l’urgence absolue, celle de coupler la libération des 48 otages et la fin des opérations militaires sur tout le territoire de Gaza. Je salue les efforts du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis pour y parvenir et demande à Israël de ne plus rien faire qui entrave leur aboutissement. Le Hamas a été vaincu sur le plan militaire par la neutralisation de ses chefs et de ses décideurs. Il doit l’être sur le plan politique pour être véritablement démantelé. Dès lors que le cessez-le-feu aura été agréé, c’est un effort massif que nous devrons produire collectivement pour porter secours à la population de Gaza. Je remercie l’Egypte et la Jordanie de leur engagement ici et rappelle à Israël l’obligation absolue qui est la sienne de faciliter l’accès humanitaire à Gaza pour aider une population aujourd’hui démunie de tout.

Le deuxième temps est celui de la stabilisation et de la reconstruction à Gaza. Une administration de transition intégrant l’Autorité palestinienne, la jeunesse palestinienne accompagnée de forces de sécurité dont nous accélérerons la formation, aura le monopole de la sécurité à Gaza. Elle mettra en œuvre le démantèlement et le désarmement du Hamas, avec le soutien des partenaires internationaux et les moyens qui seront nécessaires à cette mission difficile. La France est prête à contribuer à une mission internationale de stabilisation et à soutenir, avec ses partenaires européens, la formation et l’équipement des forces de sécurité palestiniennes. Dès lors que la négociation le permettra, le Conseil de sécurité pourra décider le déploiement d’une mission de soutien civil et sécuritaire, en liaison avec les autorités palestiniennes, avec le consentement des autorités israéliennes.

Il reviendra aussi à l’Etat de Palestine de rendre espoir à sa population éprouvée par des années de violence, d’occupation mais aussi de division et d’incurie. Il lui reviendra donc d’offrir à son peuple un cadre d’expression démocratique, renouvelé et sécurisé. Le président Mahmoud Abbas en a pris l’engagement auprès du prince Mohamed bin Salman et de moi-même.

Il a condamné avec force les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Il a affirmé son soutien au désarmement du Hamas et s’est engagé à l’exclure de la gouvernance à venir de Gaza comme de l’ensemble du territoire palestinien. Il a affirmé son engagement à lutter contre les discours de haine et a promis une rénovation en profondeur de la gouvernance palestinienne.

La France sera attentive à la pleine mise en œuvre de chacun des engagements pris auprès d’elle. Cette Autorité palestinienne renouvelée est une condition nécessaire à la réussite de l’indispensable négociation qu’il faudra reprendre pour parvenir à un accord sur chacune des questions relatives au statut final. C’est dans ce cadre, aussi, que je pourrai décider d’établir une ambassade auprès de l’Etat de Palestine, dès lors que tous les otages détenus à Gaza auront été libérés et qu’un cessez-le-feu aura été établi.

L’exigence de la France à l’égard d’Israël ne sera pas moins grande. Avec ses partenaires européens, elle indexera le niveau de sa coopération avec lui sur les dispositions qu’il prendra pour mettre fin à la guerre et négocier la paix.

C’est bien grâce à ce chemin que nous obtiendrons un Etat de Palestine souverain, indépendant et démilitarisé regroupant l’ensemble de ses territoires, reconnaissant Israël, et étant reconnu par Israël, dans une région qui connaîtra enfin la paix.

J’attends aussi de nos partenaires arabes et musulmans qui ne l’ont pas encore fait, qu’ils tiennent leur engagement de reconnaître l’Etat d’Israël et d’avoir avec lui des relations normales dès lors que l’Etat de Palestine aura été établi. Ainsi ferons-nous la démonstration d’une double reconnaissance au bénéfice de la paix et de la sécurité de tous au Proche-Orient.

Voici, Mesdames et Messieurs, quel est notre plan de paix. Il établit un engrenage exigeant pour sortir de la guerre et entrer dans une phase décisive de négociation. Il permet que la paix israélo- palestinienne soit le premier pilier d’une nouvelle architecture de paix et de sécurité au Proche et Moyen-Orient. Il crédibilise aussi la possibilité d’une plus grande intégration économique.

Rien ne sera possible sans que les autorités israéliennes s’approprient pleinement notre ambition renouvelée de parvenir enfin à la solution des deux Etats. Je sais leurs réticences et leurs craintes. J’entends avec beaucoup de respect le peuple israélien, sa tristesse et sa fatigue, et je veux croire que les autorités israéliennes l’entendront également et sauront s’engager à leur tour. Je sais que le peuple israélien et ses dirigeants peuvent en avoir la force.

Je me souviens du jeune homme que j’étais, apprenant l’assassinat terrible d’Yitzhak Rabin, il y a près de 30 ans, tué pour avoir voulu la paix. Au moment où la mort allait le ravir, le guerrier héroïque de l’Etat d’Israël venait de prononcer ces mots              : « J’ai fait la guerre aussi longtemps qu’il n’y avait aucune chance de faire la paix ». Cette chance existe là aujourd’hui. 142 Etats proposent cette paix, main tendue prête à être serrée.

Alors, oui, le temps est venu d’arrêter la guerre à Gaza, les massacres, la mort, tout de suite. L’urgence nous le commande. Le temps est venu pour Israël de vivre en paix et en sécurité, de la Galilée à la Mer Rouge, par la mer Morte, par le lac de Tibériade, et par Jérusalem. Le temps est venu de ne plus discuter nulle part l’existence d’un Etat d’Israël et d’en faire une évidence.

Le temps est venu de rendre justice au peuple palestinien et ainsi de reconnaître un Etat de Palestine, frère et voisin, à Gaza et en Cisjordanie et par Jérusalem. Le temps est venu de chasser de ces terres le visage hideux du terrorisme et de bâtir la paix. Oui, bâtir la paix, c’est ce qui nous rassemble ici. Et telle est l’espérance qui peut se construire. Alors que pour certains commence une année nouvelle, c’est un choix à faire et c’est notre devoir. La paix est beaucoup plus exigeante, beaucoup plus difficile que toutes les guerres.

Mais le temps est venu.

 

 

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